Portraits pour un siècle. Gallimard. D’un écrivain l’autre.

4 octobre 2011 / 27 novembre 2011
Galerie des Bibliothèques, ville de Paris, 22 rue Mahler Paris 4e
Gaston Gallimard a placé les écrivains au cœur de sa maison d’édition, en associant très étroitement certains d’entre eux à ses choix de publication comme lecteurs ou directeurs de collection, et en relayant leur activité critique.

D’un écrivain l’autre
, le catalogue des Éditions Gallimard s’est ainsi édifié dans le temps, fondé sur le dialogue des créateurs et les liens d’œuvre à œuvre qui forment la trame cachée de l’histoire littéraire. De sorte qu’un catalogue d’éditeur ne peut être exactement une galerie de portraits, tant il relève d’une aventure collective, littéraire et intellectuelle. Cette exposition, nourrie de très nombreuses archives inédites, de documents sonores et de citations, fait entendre ces « conversations » d’écrivains et la part qu’elles ont prises dans un siècle d’édition littéraire.
Quelque soixante portraits d’auteurs issus des collections de l’agence Roger Viollet et de ses partenaires sont ainsi présentés par ordre chronologique d’entrée au catalogue Gallimard, avec pour chacun, un commentaire inédit d’Alain Jaubert. La partie centrale de l’exposition met en avant quelques-uns des écrivains qui ont joué un rôle important comme conseiller éditorial ou membre du comité de lecture des Éditions Gallimard, à l’image d’André Malraux, Albert Camus, Roger Nimier ou Jean Grosjean.
« Mon seul but est de le faire un peu connaître à ceux qui seront dignes de l’aimer », écrivait André Gide en ouverture de sa célèbre conférence sur le poète Henri Michaux. Rapporté à l’histoire de La NRF et des Éditions Gallimard, ce souhait, aussi simplement exprimé, s’élève au rang de méthode. C’est que les fondateurs de la NRF – et ceux qui, à leur suite, en ont tenu le flambeau – n’envisageaient pas de littérature sans critique. C’est qu’ils tenaient, comme l’a écrit André Malraux, « l’influence pour la matière première et la puberté de la création», étant entendu que les écrivains, aussi attachés qu’ils soient à l’expression de la vie ou de la réalité, sont tout autant déterminés par les lectures qui nourrissent, dessinent et orientent leur imaginaire.
Au-delà de ce qui peut les séparer, les écrivains parlent depuis le même monde ; ils y conversent, s’y opposent, s’y reconnaissent. Ainsi logés à la même enseigne, ils sont certainement les mieux placés – à défaut d’être les seuls autorisés, car ils peuvent se tromper – pour percevoir les premiers accents d’une œuvre authentique ou mettre au jour les impostures ; et partant, pour porter au dehors l’écho des voix nouvelles. Ce même thème sera du reste repris par Gaston Gallimard au milieu des années 1950, articulant son goût hérité de la collection avec l’idée de transmission : « Je n’ai jamais pensé qu’à imprimer des livres que je souhaitais avoir dans ma bibliothèque. En le faisant pour moi, je le faisais pour d’autres. » Le dessein de l’éditeur se mêle alors à celui des écrivains qui l’entourent et répond au besoin d’orientation des lecteurs. Le catalogue Gallimard suggère ces liens d’œuvre à œuvre, riche des dialogues, correspondances et affinités critiques qui forment la trame de la vie et de l’histoire littéraire. « il me désolerait de ne laisser en mes écrits aucune trace d’une des admirations les plus vives que j’ai jamais éprouvées pour un auteur contemporain », écrivait encore André Gide en 1921. Restitué au temps de sa formation, le catalogue Gallimard met ainsi au jour une aventure collective, littéraire et intellectuelle.

C’est pourquoi nous avons choisi d’associer aux portraits d’écrivains des collections Roger Viollet, dont la diversité renvoie à la part de singularité de chaque auteur, un ensemble de documents inédits, d’éditions originales et de citations restituant cette libre conversation des écrivains, qui est l’une des raisons d’être de ce siècle d’édition.
 

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