Le Livre Perché va en 2020 fêter son quinzième anniversaire. Quinze ans qu’il propose aux écoliers et collégiens du Sud Aveyron de partager avec lui, l’aventure de la lecture. Quinze ans aussi que, le temps d’un week-end de la fin du mois de mai, il métamorphose le village perché de Mostuéjouls en village-livres.
Les dates d’anniversaire sont l’occasion de se retourner sur les années écoulées. Quelles sont les les empreintes laissées par ce projet un peu fou : organiser un salon du livre de jeunesse dans un tout petit village, sans école, sans bibliothèque et dont la topographie et l’équipement ne le prédisposent pas vraiment à ce type d’événement. Le pari a réussi, la manifestation s’est développée et a fidélisé partenaires et visiteurs. A croire que, au fil du temps, les traces ont imprégné les mémoires.
Ces années furent pour l’équipe du Livre Perché souvent source d’angoisses, de fatigue à coup sûr. Ce qui s’impose, ce sont les moments d’effervescence partagés, les tâtonnements parfois, mais surtout l’euphorie des réussites, l’enthousiasme resté intact, et plus que tout encore, la complicité et la convivialité, bref, tout ce qui contribue à donner de l’épaisseur à la vie.
Le mot « empreintes » éveille bien des résonances. Il peut s’agir d’images un peu éculées comme celles des traces de pas dans le sable ou la neige ou celles laissées sur les fossiles. On peut aussi penser aux marques des émotions sur un visage. Le temps qui passe, notre lieu d’origine, notre
situation sociale, autant de marques qu’il est souvent difficile, voire impossible de gommer. On le voit : elles peuvent être fugaces ou quasiment indélébiles.
Mais il arrive qu’elles s’entremêlent, se fondent pour donner naissance à de nouvelles empreintes, qui à leur tour, feront le même chemin. Ainsi, comment se façonne une personnalité, si ce n’est de myriades d’empreintes, parfois restées intactes et qui ressurgiront au gré de la mémoire. Le plus souvent, elles fusionnent, se modifient, sans cesse enrichies tout au long d’une vie…
Et si l’on élargit le champ, la culture et même les civilisations, comment se constituent-elles, sinon de successions d’empreintes assimilées, transformées, dépassées avant d’être transmises à nouveau ?
Sur quoi travaille l’archéologue pour comprendre et exhumer les modes de vie les plus lointains ?
Sur des traces souvent ténues.
Et si l’on songe à l’art, la peinture ou le dessin, la littérature par exemple, n’est-ce pas d’abord une succession d’empreintes nées, à la fois de la volonté créatrice de l’artiste et de la palette des moyens choisis. A leur tour, elles imprègneront et façonneront des sensibilités.
Et si l’on se tourne vers notre environnement, que reste-t-il de la nature primitive, modelée, depuis l’avènement des premiers agriculteurs, par toutes les générations pour satisfaire des besoins toujours
plus insatiables. En fait, ce mot touche à ce qui fait l’humain dans toutes ses dimensions. Il arrivera peut-être, que dans quelques années ou décennies, des promeneurs, désormais parents ou grands-parents, grimpant les calades ou arpentant les ruelles de Mostuéjouls, se figeront, entendant sourdre des vieilles pierres, le brouhaha des jours de fête du Livre Perché venu tout droit de leur enfance. Ils diront aux enfants qui les accompagnent : « je me souviens de tel album, son auteur était venu à l’école, il nous avait parlé de la magie de l’écriture, et depuis j’aime les livres par-dessus tout… » A la rencontre des Auteurs, Illustrateurs, Editeurs, Libraires, Animations, Ateliers, spectacles…